Accessoires et outils créés pour le revolver d'infanterie modèle 1873
Il est intéressant de connaître certains outils spécifiques au revolver modèle 1873, mais aussi témoins d'une époque où ce revolver était fabriqué, entretenu et réparé entièrement à la main dans les ateliers de la Manufacture d'armes de Saint Etienne, et utilisé par des soldats ayant peu d'éducation militaire, et un besoin d'entretien rapide sur le terrain (voir les mouchoirs d'instructions militaires).
Certains accessoires ont aussi été créés pour une utilisation autre que militaire, par des entreprises privées (ex: le système roussange).
Les différents accessoires et outils du revolver modèle 1873 (et 1874):
Nécessaire d'arme modèle 1874
On retrouve pour le revolver modèle 1873 un tournevis bien spécifique. Il s'agit d'un élément du nécessaire d'arme modèle 1874.
Il sert de tournevis, mais aussi de burette d'huile (huilier).
Il est en général matriculé, et utilisé en campagne.
Ce tournevis-huilier du nécessaire d'arme mle 1874, ainsi que ses différentes variantes (antérieures et postérieures), sert indifféremment pour les revolvers modèles 1873, 1874, 1892, et les fusils Chassepot (1866), Gras (1874), Lebel (1886) et Berthier (1892).
Crédits photos: Manuel du gradé d'infanterie (1er septembre 1935). Collection de l'auteur.
"Le nécessaire d'arme d'armes modèle 1874 sert de tournevis. Il comprend la boîte-nécessaire, son couvercle à huilier fermé par une vis bouchon avec rondelle.
La boîte contient réunies dans une trousse en drap:
- une lame de tournevis avec un biseau à chaque extremité (sur un certain nombre de spécimens, l'un des biseaux a une largeur réduite adaptée aux dimensions des vis des revolvers du commerce et de spistolets automatiques);
- une curette-spatule métallique, qui est utilisée à défaut de curette en bois."
Il est aussi spécifié au Journal Militaire Officiel n°97 de l'année 1884 que:
"Art.83. Les nécessaires d'armes reçoivent le numéro matricule de l'arme à feu à laquelle ils sont respectivement affectés.
Lorsqu'un nécessaire d'armes est destiné à l'entretien de deux armes à feu d'espèces différentes, par exemple à une carabine et à un revolver, il prend le numéro de l'arme la plus longue, c'est-à dire de la carabine."
Crédits photos: P. Lacour: Planches et tables des dimensions du fusil modèle 1866 Chassepot, planche XIII.
On peux également utiliser l'embout de l'axe de barillet pour démonter les vis du revolver 1873. Il a été prévu pour ça, pour un démontage facile sur le terrain.
Exposé complet sur les nécessaires d'armes et tournevis de l'armée française: Forum TCAR et forum lagrandeguerre.cultureforum.net.
Ce nécessaire d'arme, dont la durée d'existence sera de plus d'un siècle, (encore utilisé avec le pistolet automatique mle 1935), fut inventé par l'armurier parisien Manceaux et breveté en 1821.
Nécessaire d'arme modèle 1874 dont la lame est marquée du nom du fabricant Manceaux:
Crédit photos: Forum oldguns-blackpowder.
Le fourbisseur Jules Manceaux est plus connu pour ses fabrications de sabres d'officiers et armes à feux que pour ses nécessaires d'armes modèle 1874.
En plus de ce tournevis, le nécessaire d'arme doit contenir, selon l'Instruction sur l'entretien du revolver Modèle 1873, par la direction des forêts (Avril 1894):
"Un nécessaire d'armes complet (composé de: une boîte servant de manche de tournevis; un huilier; une lame de tournevis; une spatule-curette; une trousse en drap; un lavoir en laiton);
Une boîte en fer-blanc (renfermant: de la graisse d'arme; une pièce grasse en drap; une brosse longue à graisse);
Quelques morceaux de vieux linge;
Des curettes en bois tendre;
Une baguette en bois pour le nettoyage de l'intérieur du canon (elle doit avoir 8 à 9 millimètres de diamètre et 20 à 25 centimètres de longueur; l'une des extrémités est, sur une longueur de 3 à 4 centimètres, munie d'encoches pour maintenir le chiffon);
En place de chiffon de toile, on peut aussi, pour le lavage et l'essuyage du canon, se servir d'étoupes, pourvu qu'elles soient propres et qu'elles ne contiennent pas de poussières."
Revolver modèle 1873 et ses accessoires: étui jambon, courroie de ceinture, dragonne, nécéssaire d'arme modèle 1874, brosse, boîte à graisse, mouchoir d'instruction, Instruction de tir de 1883, ...
La boîte en fer blanc dont il est ici question est en fait un objet de petite monture, décrit pour la première fois dans le réglement de 1845 (Journal Militaire Officiel numéro 16 du 1er semestre de l'année 1845, réglement du 4 mars), en tant que "Boîte d'armes". Il ne faut pas la confondre avec la boîte à graisse et à cirage à double compartiment.
Description de ces 2 boîtes, dans le réglement de 1845:
Source: Forum La Grande Guerre
Cette Boîte d'armes est représentée sur le mouchoir d'instruction:
On y voit bien les compartiments et la brosse.
Source: Forum 14-18.com
La Filière pour le revolver modèle 1873
La filière servait à vérifier l'ensemble de la visserie du revolver modèle 1873.
Marquages: "Filière pour toutes les vis Revolver Modèle 1873 Saint Etienne 1882"
Une autre:
Marquages: "Filière pour toutes les vis de l'arme Revolver Modèle 1873 30.08.1928"
Une filière, avec les tarauds d'époque
Marquages: "Filière pour toutes les vis Revolver Modèle 1873 Saint Etienne 1908"
Une dernière, avec un marquage (police d'écriture) un peu différent
Marquage: "Filière pour toutes les vis de l'arme Revolver Modèle 1873"
La filière du revolver modèle 1873 est utilisée dans les ateliers de réparation:
Source: Aide-mémoire à l'usage des officiers d'artillerie. Chapitre 17, Décembre 1879.
Fausse cartouche (ou cartouche-maxima) et vérificateur de la chambre, pour le revolver modèle 1873
Au niveau des instruments vérificateurs, cités dans le chapitre 17 de l'aide-mémoire à l'usage des offciers d'artillerie de Décembre 1879 (document çi-dessus), on nous parle d'outils pour l'atelier d'ajusteur-rhabilleur de système, et notamment de "fausse cartouche", faisant partie d'une collection d'instruments vérificateurs du revolver permetant de vérifier les chambres des barillets des revolvers modèles 1873 et 1874.
Cette fausse cartouche, ou "cartouche-maxima" est en fait une fausse cartouche à taille réelle (douille et ogive).
Source: Aide-mémoire à l'usage des offciers d'artillerie. Chapitre 17, Décembre 1879.
Coffret faisant partie d'une collection d'instruments vérificateurs du revolver modèle 1873
Ces instruments de vérification sont conditionnées dans une boîte en chêne, faite pour contenir la cartouche-maxima, un autre vérificateur (très probablement le vérificateur de la chambre, ici présent) et très probablement le cylindre vérificateur de 11 millimètres, ici absent (ce qui en fait un outil de vérification destiné à une caisse d'armement de Cuirassiers).
Crédit Photos: GD
La boîte possède une étiquette, marquée:
N° de classification sommaire détaillée 1194
Collection d' instruments de vérification de réception pour revolver Mle 1873.
Inspection d ' armes.
A l'intérieur du couvercle, on retrouve le numéro 50.
Crédit Photo: GD
Cartouche-maxima (ou fausse cartouche)
Marquages de la cartouche-maxima:
TYPE
Revolver Mle 1873.
Cartouche
maxima
Crédit Photos: GD
Cylindre vérificateur de la chambre
Marquages du cylindre vérificateur de la chambre:
TYPE
Revolver
Mle 1873
Feuillure
max 1,6
Crédit Photos: GD
Le système de tir réduit Roussange (tubes Roussange), pour le revolver modèle 1873
Le système de tir réduit Roussange est un nécessaire pour faire du tir avec une cartouche réduite, pour le revolver modèle 1873.
Il se présente dans une boîte en bois, distribuée par la maison Gunther et Cie, avec le mode d'emploi sur une étiquette, sur le dessus de la boîte.
Crédit photos: Jean-Pierre Bastié
Le "kit" comprend un cran de mire additionnel (pour corriger la visée), glissé à frottement doux sur la bande supérieure de la cage du barillet, 6 tubes réducteurs dans lesquels on place une cartouche (poudre noire, ogive bille de plomb et étui métallique) type Karcher en calibre 5 millimètres, un baguette en fer coudée (faisant office d'extracteur).
Roussange assure une précision parfaite à 5 mètres.
Crédit photos: Jean-Pierre Bastié
Le 1er brevet est déposé par le Capitaine de gendarmerie, commandant l'arrondissement de Châteauroux, Paul Roussange le 1er mai 1875. Il concerne "un système de douille-tube" pour s'exercer au tir avec des armes militaires. Il y aura ensuite des améliorations du brevet.
"Brevet de quinze ans. 29 Décembre 1881; Roussange, représenté par Desnos, à Paris, Boulevard de Magenta, n°11. - Tube Roussange perfectionné pour armes à feu portatives employées dans les écoles de tir.", extrait du "Bulletin des lois de la République Française" XIIe série, premier semestre de 1883, tome vingt-sixième.
On trouve, dans le même bulletin, le dépôt de brevet concurrent suivant (antérieur)"Brevet de quinze ans, 26 Décembre 1881; Gaupillat, représenté par Barrault, à Paris, Boulevard Saint-Martin, n°17. - Nouveau système de tube pour tir réduit de précision dit tube Gaupillat".
Description du Colonel Roussange dans L'echo de la Gendarmerie Nationnale du 26 au 31 Mars 1895:
Crédits: Gallica.bnf.fr.
La société H&C commercialise un "Kit de tir réduit pour Chamelot-Delvigne M.A.S ", assez semblable à ce système de tir réduit Roussange. Il s'agit ici de transformer un revolver modèle 1873 en revolver à plomb.
Auteur: Quentin Jaubert
Passionné par l'Histoire, les armes anciennes et les objets anciens en général, collectionneur de sabres et revolvers français, d'uniformes, et de toutes les histoires que ces objets racontent, j'adore fouiller et chercher, pour partager ensuite mes connaissances...
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