Le Dépôt Central de l'Artillerie (DC), puis Section Technique de l'Artillerie (STA)
Le Dépôt Central de l'Artillerie (ou DC) (1795 - 1886), puis Section Technique de l'Artillerie (ou STA) (suite aux décrets du 1er, puis 30 mars 1886) ont pour mission les études spéciales de matériels divers et d'armes portatives (inventions et modifications), l'établissement des instruments nécessaires au contrôle de la précision des fabrications, les questions relatives à la balistique, aux munitions, ...
Sommaire
Vous trouverez dans cet article toutes les informations sur le Dépôt Central de l'Artillerie (DC), puis Section Technique de l'Artillerie (STA) ainsi que des prototypes de revolvers établis par ces entités:
- Le Dépôt Central de l'Artillerie (DC), puis Section Technique de l'Artillerie (STA)
- Prototype de revolver hammerless, à partir d'un modèle 1873, réalisé par le Dépot Central (DC)
- Revolver modèle 1873 modifié, pour étude d'allègement, de la STA (Section Technique de l'Artillerie), n°1
- Revolver modèle 1873 modifié, pour étude d'allègement, de la STA (Section Technique de l'Artillerie), n°1 bis
- Informations sur Le Dépôt Central de l'Artillerie (DC), puis Section Technique de l'Artillerie (STA)
Ces 2 entitées successives, à savoir, le Dépôt Central de l'Artillerie (DC), puis la Section Technique de l'Artillerie (STA), sont sous les ordres du Président du Comité de l'artillerie (Décision ministérielle du 15 juin 1871 et Décret du 8 juillet 1872, puis Comité consultatif de l'Artillerie selon le Décretdu 31 janvier 1885, et enfin Comité Technique de l'Artillerie selon le Décret du 3i juillet 1888) (excepté du 30 Mars 1886 au 31 Juillet 1888).
C'est donc au sein des ateliers du Dépôt Central, puis de la Section Technique de l'Artillerie (à partir de Mars 1886), que sont développés, étudiés et testés les prototypes d'armes à destination de l'armée Française.
Par exemple, ce pistolet de marine à percussion modèle 1849 est marqué du Dépôt Central, en 1850:
Crédit photos: Ader Paris. Cliquez sur l'image pour voir d'autres photos de ce pistolet.
C'est encore le Dépôt Central,en 1885, qui va s'occuper de la création du prototype du revolver d'essai modèle 1885, puis la STA pour le développement du revolver d'essai modèle 1887.
Exemple: marquage "DC 1886" sur le revolver d'essai modèle 1885 ayant appartenu au Général Boulanger, pour "Dépôt Central 1886".
Où encore ce revolver modèle 1887 (issu de la collection Georget), qui présente toutes les caractéristiques du modèle du commerce de 1890, et un marquage du "Dépôt Central" sur le canon, ce qui ne va pas: en mars 1886, le Dépôt Central (DC) deviens la Section technique de l'Artillerie (STA). De plus ce revolver présente des marquages de la Manufacture Française d'Armes de Saint Etienne (manufacture civile) sur la carcasse et le barillet.
Les marquages sont: dessous du canon poinçonné: "ST-ÉTIENNE"; barillet numéroté: "15", poinçonné: "L G" et "ST-ÉTIENNE" dans une cannelure, avec les deux palmes croisées; carcasse signée: "St-Étienne" sur le côté droit; axe de barillet et intérieur de la carcasse numérotés: "315".
Il pourrait s'agir d'un des modèles étudiés par le Dépôt Central en vue d'améliorer le modèle 1887, entre 1886 et 1890. Il serait ainsi une des étapes entre la transition du modèle d'essai 1887 et le modèle d'essai 1891 à pompe, mais, dans ce cas, le marquage du "Dépot Central" sur le canon interpelle, car depuis 1886, il devrait être de la "Section Technique de l'Artillerie".
Ce pourrait aussi être un modèle du commerce fabriqué à partir de pièces issues du Dépôt Central.
Revolver modèle 1887 du commerce, marqué du "Dépôt central". Cliquez sur la dernière photo pour en voir plus. Source: Naturabuy.
Prototype de revolver hammerless, à partir d'un modèle 1873, réalisé par le Dépot Central (DC)
Ce prototype de revolver est probablement un essai de test de chien coulissant avec ressort à boudin, à la place du chien rotatif avec ressort à lame.
Il à été réalisé par le Dépot Central de l'Artillerie, entre 1873 et 1886.
Au niveau des marquages, on retrouve bien le marquage du Dépôt Central sur le pan supérieur du canon:
Ainsi que différents poinçons:
On retrouve le poinçon d'épreuve "E couronné" de Saint Etienne sur le barillet et sous le canon, avec un numéro 02, qui est très probablement le numéro de série de ce revolver:
Il est à noter que ce revolver possède aussi un poinçon "R1" a l'intérieur du barillet, qui est le poinçon de réforme des armes de l'armée française (voir sur la page consacrée au revolver modèle 1873 de la série X).
Le mécanisme:
Le levier en haut du mécanisme pourrait servir à armer (via le ressort) le percuteur, et reculer soit avec la rotation du barillet, soit par une action manuelle (tirer en arrière) sur le levier:
Le canon:
Crosse et anneau de calotte:
Crédit photos: Naturabuy et Naturabuy.
Dans tout les cas cet essai de percussion hammerless sur ce revolver n'a pas été retenu par le Comité de l'Artillerie. Il a seulement servi de pièce d'étude à un nouveau système appliqué au revolver d'ordonnance Français, entre 1874 et 1886.
Revolver modèle 1873 modifié, pour étude d'allègement, de la STA (Section Technique de l'Artillerie), n°1
Sur ce prototype d'étude n°1, bien marqué de la STA, on note une étude pour alléger le revolver dans son ensemble. La Section Technique de l'Artillerie à travaillé à partir d'un revolver modèle 1873 de la MAS, issue du contrat militaire. Différentes parties de l'arme (mécanisme, carcasse) ont été évidées ou amincies, des rainures pratiquées sur le barillet et suppression de la clé du grand ressort.
Crédits photos: CM.
Ce revolver modèle 1873, numéro de série G 48122 (fabrication en 1877) a subit les modifications suivantes, pour étude:
- Barillet allégé avec des rainures
- Allègement de l'avant de la carcasse
- Allègement de la plaque de recouvrement
- Allègement du pontet
- Allègement du chien
- Amincissement de la tige éjectrice
- Allègement de la vis de poussoir
- Allègement de la portière
- Allègement de la poignée
- Suppression de la clé du grand ressort
En plus des marquages réglementaires, on y trouve les mentions suivantes: "Modèle d'étude n°1" et "S.T.A." sur la plaque de recouvrement.
Ce revolver à donc été modifié pour étudier différentes sources de gain de poids, ainsi que (très probablement) la résistance des pièces (carcasse et mécanisme) lors de ce gain de poids. La suppression de la clé de tension du grand ressort et son remplacement par une vis sont un retour en arrière par rapport à la facilité de démontage de l'arme.
Revolver modèle 1873 modifié, pour étude d'allègement, de la STA (Section Technique de l'Artillerie), n°1 bis
Sur ce second prototype ("Modèle d'étude n°1 bis") de la STA, le travail à aussi été mené à partir d'un revolver modèle 1873 de la MAS, issue du contrat militaire. Ici aussi, c'est le soucis de poids qui à été travaillé. On notera, en plus, le montage d'un percuteur directement sur la carcasse, comme sur le revolver d'essai modèle 1887 (mais ce n'est pas tout à fait le même).
Crédits photos: CM.
Ce revolver modèle 1873, numéro de série G 73191 (fabrication en 1878) a subit les modifications suivantes, pour étude:
- Canon raccourci
- Allègement du guidon
- Suppression du rail de baguette éjectrice
- Suppression de la baguette éjectrice. Probablement remplacée par l'axe de barillet
- Suppression du ressort de baguette
- Remplacement de l'axe de barillet par un plus court (conservant l'embout tournevis)
- Barillet allégé avec des plats
- Allègement de l'avant de la carcasse
- Montage d'un percuteur sur la carcasse
- Suppression du percuteur sur le chien
- Remplacement de la vis de plaque de recouvrement par un modèle qui s'ouvre sans outils
- Remplacement du ressort de détente
- Allègement de la poignée
En plus des marquages réglementaires, on y trouve les mentions suivantes: "Modèle d'étude n°1 bis" et "S.T.A." sur la plaque de recouvrement.
Sur ce revolver aussi, les études portent sur le gain de poids. Toutefois, le fait de remplacer la vis de plaque de recouvrement par un modèle qui s'ouvre sans outils, tout en gardant l'embout tournevis sur l'axe de barillet est un choix qui pose question.
En effet, lors de l'adoption du revolver modèle 1873, dans un courrier du 30 Septembre 1873, le Commandant Bry faisait observer, en parlant d'un modèle testé, que "La tête de la vis de la plaque de recouvrement est en saillie sur la plaque. Dans le modèle primitif, elle était noyée. Cette dernière faisait disparaître une saillie inutile, on se demande pourquoi cela a changé." (voir l'article sur l'adoption du revolver modèle 1873 au travers des courriers entre le directeur de la Manufacture d'Armes de Saint Etienne, le ministère et l'inspecteur des manufactures d'armes, entre 1873 et 1874).
On retrouve d'ailleurs cette vis de la plaque de recouvrement saillante sur le revolver modèle 1873 avec le numéro de série F3:
La suppression de la baguette éjectrice, et l'utilisation de l'axe de barillet pour la remplacer est aussi un choix peu judicieux.
Par contre, le montage d'un percuteur directement sur la carcasse, comme on le retrouvera sur le revolver d'essai modèle 1887, est probablement un test pour limiter l'enclouage des cartouches, soucis récurrent sur le revolver modèle 1873.
Revolver modèle 1887, numéro de série F 501. Source: Naturabuy
Informations sur Le Dépôt Central de l'Artillerie (DC), puis Section Technique de l'Artillerie (STA)
Le Dépôt Central de l'Artillerie (DC) (1795 - 1886)
Le Dépôt Central à été créé à la fin du XVIIIe siècle (1795). Il regroupe les ateliers de précision, les ateliers de construction et les ateliers des armes portatives, en plus des services techniques et inspections des poudres et munitions militaires, du matériel et du harnachement, des manufactures d’armes, des forges, ainsi que la vérification de la comptabilité des arsenaux, les musées, la bibliothèque et les archives.
Le Comité Central de l'Artillerie, chargé d’homologuer la fabrication du matériel de guerre, d’inspecter les arsenaux et de contrôler l’usinage des armes, dont dépend le Dépôt Central, s'installe place Saint-Thomas d’Aquin, à l'hôtel d'Artillerie (ancien noviciat Dominicain). Il établit le Dépôt Central autour de la Cour Sébastopol.
Y sont déposés, dès 1796, la collection d'armes et d'armures de l’inventeur et mécanicien français Edme Régnier, chef de l’inspection des armes portatives (dont certaines provenaient du Garde-meuble de la couronne et des cabinets de Chantilly).
Le Dépôt Central devait accueillir tous les mémoires concernant l’artillerie et des modèles d’artillerie, comme le prescrit par exemple l’article 6 de l’arrêté du directoire exécutif du 23 brumaire an V de la République :
"Le comité central sera chargé de recueillir tous les mémoires et manuscrits ou imprimés qui auront rapport à cette arme. Il y joindra, autant que les circonstances pourront le permettre, des modèles de bouches à feu, armes portatives anciennes et modernes, et autres machines de guerres dont se servent toutes les nations ainsi que les diverses inventions utiles ou ingénieuses qui ont été ou qui pourront par la suite être faites en ce genre." (SHD, série 1 « Organisation de l’artillerie », 1b1/1 ou 1w81 « comité et dépôt central… », no 13, « département de la guerre, extrait de registre du directoire exécutif du 23 brumaire an V de la République, art. 6 ».).
Ce qui devait donc servir de support pour le Comité Central de l'Artillerie deviendra finalement un musée au cours du XIXe siècle, retraçant l'évolution de l'artillerie et des armes portatives légères du Moyen-Âge à nos jours. Enfin, les collections seront déplacées vers l'hôtel des Invalides en 1871, puis augmentées par les collections de l'atelier de précision et l'atelier des modèles d'armes puis par la fusion du musée d’Artillerie et du musée historique de l’Armée en 1905.
Les exemplaires d'armes en doubles ou jugés moins intéressant seront envoyés dans les manufactures d'armes pour compléter les collections d'études (qui servaient lorsque le Ministère de la Guerre demandait à une manufacture de proposer l'étude d'un système ou d'un modèle d'arme).
Les archives nous apprennent aussi que de nombreuses cessions d'armes ont eu lieu à partir des années 1930 à des personalités politiques ou militaires (françaises ou étrangères). D'autres ont été concédées à de nombreux régiments qui souhaitaient créer des salles d'armes (on parle de plusieurs centaines d'armes et plusieurs dizaines de salles d'armes).
Collection d'armes portatives de la Manufacture d'Armes de Saint-Etienne. Crédit photo: Stéphane Rivoire / Forum TCAR
En 1886, les deux cours de l'hôtel d'Artillerie seront renommées du nom de deux célèbres artilleurs: le général Gribeauval (1715-1789), inventeur du système du même nom permettant de réorganiser les services et sections d’artillerie pour les rendre plus mobiles et plus efficaces, et le général Treuille de Beaulieu (1809-1886), directeur de l’Atelier de précision et père du fusil Chassepot.
La Section Technique de l'Artillerie (STA)
En 1886 (C'est alors le général Boulanger qui est ministre de la Guerre), le Dépôt Central deviens la Section Technique de l'Artillerie par les décrets du 1er et 30 mars 1886.
Le principal changement est le fait que le Commité de l'Artillerie n'examine plus les affaires techniques au second degré, ce rôle étant dévolu, au premier degré, à la Section Technique de l'Artillerie. La STA est créée par le décret du 30 Mars 1886 et elle est placée sous les ordres directs du Directeur de l'Artillerie. L'adresse de la STA reste la même que celle du DC (à savoir au 1 place Saint-Thomas d'Aquin).
Le 31 Juiller 1888, un nouveau décret paraît et rétablit le Commité de l'Artillerie dans une partie de ses attributions, par la subordination à son Président, de la Section technique de l'Artillerie, comme l'était le Dépôt Central avant 1886.
Pour aller plus loin, lire Les vicissitudes des Services techniques, dans L'artillerie de terre en France pendant un siècle : histoire technique (1816-1919). T. 2, 1880-1910, par le Général J. Challéat.
En Février 1922, parait Historique et organisation de l'artillerie : l'artillerie française depuis le 2 août 1914, par le capitaine d'artillerie Leroy (à consulter ici).
On y apprends que la Section technique de l'Artillerie (S.T.A.) est placée sous l'autorité directe du Général Inspecteur des Etudes et Expériences Techniques de l'Artillerie (IEETA) et qu'elle est chargée des études de toutes les questions relatives aux matériels (inventions et modifications), à la balistique, aux munitions, à l'emploi de l'automobile dans l'artillerie, etc...
On y apprends aussi que la Commission d'expérience de Versailles (la même que celle qui avait adopté le revolver modèle 1873) est toujours chargée de l'étude des armes portatives, de leur munitions et de la surveillance de la fabrication des cartouches, d'après les échantillons qui lui sont envoyés par les cartoucheries (Poudrerie militaire du Bouchet, cartoucherie de Valence, Toulouse et Vincennes et Ecole Centrale de Pyrotechnie de Bourges, pour les armes à feux portatives).
En complément: Article complet sur le Comité de l'Artillerie et ses réalisations, des origines à 1873: à lire ici.
Auteur: Quentin Jaubert
Passionné par l'Histoire, les armes anciennes et les objets anciens en général, collectionneur de sabres et revolvers français, d'uniformes, et de toutes les histoires que ces objets racontent, j'adore fouiller et chercher, pour partager ensuite mes connaissances...
Vous pouvez aussi me retrouver sur différents forums consacrés aux armes anciennes, sous le pseudonyme de Quentin1873, notamment sur TCAR, Passion Militaria, ... où encore sur le groupe Facebook "Collectionneurs d'Armes Anciennes / Antique Gun Collectors".
Retrouvez moi sur: