Le Revolver d'ordonnance Français modèle 1873 (Chamelot - Delvigne)
Qu'est ce que le revolver d'ordonnance modèle 1873?
Le revolver d'ordonnance modèle 1873 (aussi appelé Chamelot Delvigne) est le premier revolver réglementaire moderne adopté par l'armée Française suite à la défaite de 1870. Fabriqué à la Manufacture d'Armes de Saint-Étienne (MAS) à 388 105 exemplaires entre 1873 et 1886 (mais utilisation beaucoup plus longue), il est représentatif d'un savoir faire armurier de qualité. Il s'agit d'un revolver à poudre noire à cartouche métallique. Sa munition (calibre 11mm à poudre noire), trop peu puissante, à été imposée par les militaires.
Genèse du revolver d'ordonnance modèle 1873
La Guerre de 1870 contre la Prusse se termine (et le Second Empire avec elle), et la France, perdante du conflit, ne peux que constater que ses armes de poing sont devenues obsolètes. Elle n'a pas su tirer parti des leçons des guerres précédentes (et notamment de la guerre de Sécession (1861-1865), où le monde entier a refusé de voir ce qu'était la guerre moderne), et va donc lancer une commission d'étude dès 1871 pour doter son armée d'une arme de poing plus moderne.
Après le concours de 1871-1872 (Commission de Versailles), où plusieurs armes seront en concurrence: un revolver des établissements de l'artillerie de Puteaux, le Lefaucheux modèle 1870 (déjà adopté par la marine), le Galand de Guerre (modèle 1872), et enfin un revolver fabriqué par Pirlot Frère (Belgique), conçu par Jean Chamelot et Henri-Gustave Delvigne, c'est le Chamelot-Delvigne qui sortira vainqueur des tests, et sera adopté le 12 février 1873, par décision ministérielle, sous l'appellation officielle de Revolver d'officier d'infanterie modèle 1873, jusqu'en octobre 1874, où il deviendra le revolver d'ordonnance modèle 1873 (ou Chamelot Delvigne 1873, du nom de ses concepteurs).
Il sera d'abord testé dans divers corps de troupe (entre 1871 et 1872): Gendarmerie (1ère légion), puis cavalerie (8e et 12e régiment de Cuirassiers, 4e et 18e régiment de dragons), le 11e régiment de chasseurs et l'artillerie (12e, 14e et 23e régiments) (selon la Revue d'artillerie - Tome III, d'octobre 1873 à Mars 1874), ce qui ammenera quelques demandes de modifications sur l'arme (voir le numéro de série F3, dans le tableau de recensement, ou les échanges de courrier entre le directeur de la Manufacture d'Armes de Saint Etienne, le ministère et l'inspecteur des manufactures d'armes, concernant ces modifications).
Elles seront mises en place, et la gendarmerie, puis l'armée Française l'adopte le 17 Août 1874.
L'armée prête à la Police Parisienne des revolvers modèles 1873 à partir du 31 Décembre 1899, jusqu'en 1901.
Fabrication et attribution du revolver d'ordonnance modèle 1873
Le revolver modèle 1873 est fabriqué à plus de 350 000 exemplaires et il sera distribué à la gendarmerie, la cavalerie (cuirassiers, dragons, chasseurs à cheval, hussards, spahis, chasseurs d'afrique), l'armée de terre, la marine, la coloniale, l'artillerie, ...
Les premiers exemplaires fournis présentent quelques modifications avec les exemplaires qui suivrons: le marquage "Mle 1873" sur le dessus du canon est légèrement plus petit que les 2cm des modèles postérieurs, tout comme la crête de baguette, et la vis de la plaque de recouvrement qui n'est pas traversante. Ces modifications se retrouvent au moins sur les 700 premiers numéros de série (constaté sur les F 3, F 461, F 672 et F 674, mais pas sur le F 1104).
Les premiers modèles furent livrés à la gendarmerie (commande du ministère de la guerre à la MAS de 40 000 exemplaires le 12 Février 1873).
La cartouche de 11mm73 des revolvers d'ordonnance modèles 1873 et 1874
Le revolver modèle 1873 tire une munition de 11mm (la 11mm73), à poudre noire et ogive en plomb, qui ne développe pas une puissance suffisante (130 m/s), et qui sera modifiée en 1890 pour donner la cartouche modèle 1873-90, qui lui redonnera une certaine puissance (190 m/s), même si toujours à poudre noire...
Utilisation des revolvers modèles 1873
L'arme sera utilisée pendant plus de 100 ans et dans différents conflits: lors de la première guerre mondiale, aux mains des combattants Français, lors de la deuxième guerre mondiale, aux mains des équipages du train et des artilleurs puis aux mains de la résistance, en Indochine, en Algérie ainsi que dans les colonies - second empire colonial Français - (principalement pour la version du 1873 de marine), en Chine, Indochine, Tonkin, Afrique, ... où il gagnera son surnom "le colonial").
Il sera ensuite reversé aux gendarmes, à la police, aux postiers, aux convoyeurs de fonds, ...
Les derniers en services dans les administrations et l'armée seront réformés dans les années 1950 (troupes coloniales, eaux et fôrets, ...).
Revolver d'ordonnance modèle 1873 et casque de cuirassier modèle 1874 pour la troupe.
Crédit photo: www.mbcollection.net.
Les autres revolvers inspirés du Chamelot Delvigne
Le revolver modèle 1873 inspirera différents revolvers dans d'autres pays, comme le Bodeo (1889) en Italie ou des modèles civils, construits à Saint Etienne ou en Belgique. D'autres, enfin, seront exportés, notamment en Grèce ou Serbie, ou encore dans les colonies, et d'autres seront construits à Saint Etienne pour, notamment, la Suède (marqués Sutterlin et Lippmann ou Henry).
Les remplacants du revolver modèle 1873: les revolvers d'essai modèle 1885 et 1887, et le revolver d'ordonnance modèle 1892
En 1874, l'armée adopte une version améliorée: Le revolver d'ordonnance pour officier modèle 1874.
Il se distingue du modèle 1873 par un bronzage noir, un barillet cannelé, et il est légèrement plus court et moins lourd. Il sera distribué aux officiers (production: 37 200 exemplaires).
Ces 2 modèles de revolver d'ordonnance (1873 et 1874) seront remplacés plus tard par le revolver d'ordonnance modèle 1892, tirant une munition de 8mm, la 8mm92, aussi appelée 8mm Lebel (8 X 27mm). Cette munition à d'abord été développée pour le revolver modèle 1887, avant de subir quelques transformations et devenir la 8mm92.